Juno-geiko et gono-geiko

Maître Nocquet nous expliquait qu’il y a différentes étapes durant notre apprentissage de l’aïkido : jusqu’à la ceinture noire deuxième dan, on pratique sous forme « juno-geiko », c’est-à-dire en souplesse. Les années qui nous mènent au premier dan ne sont rien d’autre que l’apprentissage du taï-sabaki. Puis, entre le premier et le deuxième dan, on polit ce que l’on a acquis les années précédentes, pour parvenir à réaliser des mouvements fluides et ronds. Rechercher la puissance ou l’efficacité durant les premières années est une erreur, car on n’arrive qu’à se crisper davantage et à utiliser notre puissance musculaire, ce qui a pour effet de nous faire régresser plutôt que progresser.

Ce n’est que pour l’examen de troisième dan que le maître nous initiait au travail gono-geiko. Ce type de travail ne peut être réalisé que lorsque l’on a réussi à relâcher ses épaules et à laisser partir le mouvement de notre hara. Uke saisit alors puissamment et d’une manière statique. Et c’est à tori, par la puissance de sa respiration et de son hara à le mettre en mouvement pour parvenir au déséquilibre qui permet ensuite de placer la technique. (Je revois encore, le jour de mon examen, mon partenaire, auquel je rendais facilement vingt kilos me saisir mune tori et le Maître lui dire : « Tenez fermement, s’il vous plaît ». Ce genre de souvenir ne s’oublie guère…). Ce n’est pas pour autant que l’on doive oublier le travail juno-geiko après le troisième dan, bien au contraire. Du troisième au cinquième dan on achève la maîtrise de la technique que l’on est sensé être capable de réaliser sous les deux aspects : juno-geiko et gono-geiko. Après le cinquième dan commence la voie du dépouillement, le retour vers la simplicité, la découverte de la vacuité.